© Editions Glénat, octobre 2018
192 pages, 35,50 €
ISBN: 978-2-344-02302-0
Le Mot de l'Editeur
Ces 23 randonnées itinérantes en boucle ou en traversée, dans 6 pays, sont une invitation au voyage et au rêve pour parcourir les "recoins secrets" du massif des Alpes.
Nos Alpes, si belles soient-elles, sont parmi les montagnes les plus parcourues, peuplées et les plus urbanisées de la planète! Pourtant, chaque montagnard connait au moins un "coin secret" où il part faire le plein d'air pur et d'espoir, un coin de moraine où pousse le génépi, un coin de pelouse où les tétras-lyres fontla parade, un coin de rocher où les bébés chamois réalisent leurs premières cabrioles…
Paulo Grobel, guide de haute montagne, spécialiste de l'Himalaya et Gérard Guerrier, écrivain-voyageur et accompagnateur en montagne, ont sillonné pendant de nombreuses années les montagnes les plus lointaines, de la Sibérie Orientale auc volcans du Guatemala en passant par les cimes du Haut dolpo et du Mustang. Et puis… ils ont décidé de partir à la décourverte des "coins secrets" du massif alpin, de la Méditerranée à la Slovénie.
Des couloirs glaciaires du massif des Ecrins (France), aux déserts de calcaire des Alpes kamniques, (Slovénie), en passant par les alpages des Alpes bergamasques (Italie). Bien souvent pour accéder à es "coins secrets", nos deux explorateurs ont dû inventer un passage, dormir à la belle étoile, courber l'échine sous le poids du sac, défricher un sentier oublié depuis des générations, bref vivre pleinement leur aventure en se frayant une trace entre le trek et l'alpinisme. Dans cet entre-deux, agrémenté d'un zest de culture, mais aussi avec beaucoup plus que cela, le lecteur devra se confronter sur le terrain à toutes sortes d'incertitudes jubilatoires.
Ces itinérances, de niveau de difficulté variable — de la randonnée sportive à l'alpinisme réputé facile — s'adressent à des montagnards aguerris, capables de voyager en autonomie et, si nécessaire, de changer leur itinéraire pour faire face à tous les imprévus.
Le reine Meije profite du calme avant la tempête…
Mon Grain de Sel
Voilà un livre qui ne ressemble à aucun autre !
Un autre "Beau Livre" comme on dit avec textes et photographies… sur les Alpes? Tu parles d'une originalité!
Oui mais… L'éditeur nous a donné carte blanche pour écrire ce que nous voulions! Alors… Pas question de "vue magnifique", de lac émeraude" et de "hameau pittoresque", Paulo et moi en avons profité pour nous faire plaisir et faire plaisir à nos lecteurs en partageant avec eux notre passion pour ces Alpes Secrètes restées à l'écart des pelleteuses et des pylones des "aménageurs"…
Oui mais… Pour une fois, ce n'est pas un "Beau Livre" à la gloire d'un photographe, servi par un pigiste pressé, mais un ouvrage écrit par deux amoureux de la montagne et de l'écriture, qui, même si ce n'est pas notre spécialité, ont essayé de rendre par l'image, l'idée que nous nous faisons de la montagne. A vous de juger.
Oui mais… Ce livre est d'abord une histoire d'amitié! Entre les auteurs, évidemment… Mais aussi avec notre éditrice-montagnarde Micheline, ainsi qu'avec nos compagnons de rando et alpinisme qui ont accepté de nous suivre sur des traces incertaines. Que grâce leur soit rendue:
Birgit bien entendu, mais aussi Laetitia, Corinne, Claire, Guillaume, Jean-Gaël, Jean-Jacques, Philippe, Sylvain, Tino…
Alpes Secrètes
Les Alpes… D'abord, une histoire d'amitié!
L'ami Paulo
Bien plus qu'un simple co-auteur, Paulo est l'âme double de cet ouvrage.
De la Meije à l'Himalaya, il exerce avec passion, le beau métier de guide de haute montagne à plein temps, avec une prédilection pour les espaces sauvages et tout les entre-deux, des interstices de la carte à ceux des relations humaines. Avec comme fil directeur, l'envie de partager…
Des instants de vie, des émotions, des expériences et bien sûr, des mots. Quelques livres ponctuent sont itinérance comme le dernier en date Mustang, the untrodden trails, édité au Népal.
Notre Himalaya…
Là, je vous laisse deviner…
Je disais donc… Un histoire d'amitié!
Avec Eric Durdan dans le Val d'Aoste
Avant-propos (extrait)
Les Alpes ?… une chiure de mouche sur la mappemonde !
Rien à voir avec cet interminable serpent andin qui s’étire sur plus de 7000 km. Même la cordillère australienne fait mieux que nos minables 1200 km ! Quant à l’altitude, mieux vaut ne pas en parler. L’Himalaya, bien sûr, mais aussi le Tien Shan ou même le Caucase font mieux que notre insignifiant Mont Blanc et ses 4810 mètres, dernière chute de neige comprise.
D’ailleurs, de quelles Alpes parle-t-on ? Pour les germanophones, les Alpes commencent à quelques lieues du beau Danube bleu, pour s’évanouir dans les vapeurs de lavande et de pastis, juste après le Mont Blanc. Pour les Italiens, les Alpes naissent en Italie, non loin de Gênes pour finir… en Italie, près de Trieste : e basta cosi ! Pour les Slovènes, les Alpes démarrent dans les faubourgs de Maribor, aux marches des tribus slaves et magyars, pour mourir au soleil couchant chez ces barbares d’Helvètes ou de Gaulois. Pour ces derniers, justement, les Alpes surgissent de la mer en vertigineuses falaises, au cap Canaille ou au cap d’Ail, pour s’évanouir quelque part après le Cervin dans la froidure de collines orientales…
Si chaque alpin est persuadé que les Alpes sont les siennes, tous, qu’ils soient de Nice, Innsbruck, Trente, ou Ljubljana, s’accordent pour dire que les Alpes méritent bien mieux que ses modestes mensurations. Car les Alpes, ils en sont tous persuadés, sont la matrice et la mère de toutes les montagnes. De Ville, Balmat, Michel Croz, Whymper, Preuss, Dibona, Bonatti… Aucun doute : c’est bien là qu’a été inventé l’alpinisme et donc une certaine idée de la montagne. A tel point qu’il y est impossible de démêler les caillasses de l’histoire de ses femmes et de ses hommes.
Les Enfetchores menant à la brêche sud de la Meije
Meije Orientale
Sommaire
- Le Massif des Ecrins / France
- Les bavantes de Lionel
du Vagaudémar au Queyras
- Mains moites et gorge sèche
sous la face Nord de la Meije
- Histoire-géo et maths
autour du Grand Pelvoux
- Le Massif de La Vanoise/France
- Au cœur de la Vanoise enneigée
de Termignon à Bonneval sur Arc
- Wilderness ou « Sauvageté » ?
le Grand tour de la Vanoise
- Le Massif du Mont- Blanc / France
- Défilé de tops modèles
les Aiguilles Rouges
- Le Tour du Mont Blanc par les crevasses
- Le Massif du Grand-Paradis / France
- Les atours de la Belle Grivoise
les tours de la Grivola
- La face cachée du Paradis
la « vraie » traversée du Gran Paradiso
- Les Alpes Valaisannes / Suisse
- Faute de goût ?
le meilleur de Chamonix-Zermatt
- Une histoire de cabanes
la Haute Route du Val d’Hérens
- Le Massif du Mont Rose / Suisse
- La corne de Rhinocéros
le tour du Corno Bianco
- Trois navires …
le tour du mont Rose des alpinistes
- Les Alpes Lombardes / Italie
- Masques et Bergamasques
la traversée des Orobie
- Mais où sont les neiges d’antan ?
le tour de l’Adamello
- Des canons sur la montagne… et un parc pour la paix
les grands glaciers du Cevedale
- Les Alpes bavaroises / Allemagne - Autriche
- La chevauché des Walkyries
entre Bavière et Tyrol
- Navigation incertaine sur la Mer de Pierre
le tour du Königssee
- Une soirée au coin du feu
du Konigssee au Watzmann
- Les Alpes de Stubai / Autriche - Italie
- Les Tyroliens sont joyeux, les Tyroliens sont heureux…
sur le Hauptkamm des Stubai.
- Le versant tranquille des montagnes
entre Stubai et Ötztal
- Les Alpes Juliennes et Kamniques / Slovénie
- Il pleut, il pleut bergère
Olivier dans le Serret du Savon
Parfois Eole, désespéré par l'insupportable touffeur padane descend de ses montagnes glacées et chasse les miasmes de la ville. Alors, depuis la terrasse du Dôme de Milan, l'horizon s'éclaire et dévoile la ligne blanche du mont Rose. Sans la présence du mont Blanc, cet impertinent, le Monte Rosa ravirait tous les prix d'excellence et de beauté: le plus haut sommet helvétique avec la pointe Dufouor (4634 m), dix véritables sommets de plus de 4000, presque autant de vallées dont la plupart ont gardé leur carctère rustique, mais aussi le plus haut refuge d'Europe: la capanna Margherita, perchée sur sa point Gnifetti à 4554 m d'altitude. En équilibre au bord de la falaise, elle semble prête à basculer dans le Valsesia qui joue à cache-cache avec la foschia. Sur l'autre flanc de la montagne, les glaciers frontaliers ne semblent jamais finir…
Marguerite de Savoie — plus connue hors d'Italie, pour la pizza inventée en son honneur aux couleurs de la jeune Italie: tomates, mozzarella et basilic frais — fut une alpiniste émérite. Reine consort par son mariage avec son cousin, le roi Umberto, elle a sillonné en long et en large le massif. Pendant l'été 1893, elle dormit au refuge, peu avant son inauguration. (…)
Ces courses dans le massif du Mont-Rose et cette nuit au sommet de la pointe Gnifetti sont, sans doute, restées dansla mémoire de la reine comme de précieux fragments de bonheur, loin de l'agitation sociale et des menaces qui pesaient sur la monarchie. Marguerite connut en effet des temps moins heureux: Umberto assassiné par un anarchiste ; son fils contraint à déclarer la guerre à son allié d'hier, l'Autriche-Hongrie. Les dernières années de la reine alpiniste furent obscurcies par son soutien inconditionnel au nouveau régime et à Mussolini, avant que Eole, bien plus tard, ne débarrasse, à nouveau, la plaine du Pô de ses miasmes.
Départ matinal pour le Corno Bianco
Le Massif du Mont-Rose (Extrait)
La Corne du Rhinoceros (Extraits)
Le Tour du Corno Bianco
A Gressoney Saint-Jean, les truites, affolées par la chaleur inhabituelle, enchainent les sauts périlleux. Plus haut, la montagne se bagarre déjà avec les nuages bas et lourds. Soudain la grêle nous canarde avant de rouler sur le gazon… Profitant d’une accalmie, nous parcourons à grandes enjambées les ruelles du village où les langues se télescopent : l’italien bien entendu, mais aussi le français du val d’Aoste ainsi qu’une curiosité tout sh et en tch : le Titsch de Gressoney, un dialecte alémanique où le chemin (Weg) et la forêt (Wald) sont devenues Waeg et Woald, un héritage des Walser. Profitant du réchauffement climatique, ce peuple montagnard, originaire du Haut Valais, est parti coloniser, au XIIe et XIIIe siècle, les alpages d’altitude de l’Autriche à la Haute Savoie. Ils ont franchi ainsi à pied sec le Col Teodulo (du nom de leur patron, premier évêque de Sion), situé au pied du Cervin, à 3316 m.
Pas le temps, d’apprendre les subtilités du titsch… Un abrupt mélézin nous mène mille mètres plus haut. Une promenade de santé, si nos sacs n’étaient pas si lourds pour cause de bivouac et de matériel de sécurité. Si le sac de Sylvain, notre chasseur alpin, amateur de fromage et de saucisson savoyards, dépasse les 15 kg, j’ai sacrifié mes affaires de rechanges et taillé le manche de ma brosse à dents pour rester en dessous des 13 kg. Un casse-noix moucheté se moque de notre allure de forçats en poussant des krékrékré tout en voletant de mélèze en mélèze. A peine sortis de la forêt, nous sommes avalés dans un nuage qui se traine contre les pentes. Une première averse glacée nous rappelle la réalité de cette montagne « sauvage et alpine »… Les rafales de vent redoublent bientôt de violence, malmenant nos parapluies et nos Goretex derniers cris.
La Madone des Neiges, les mains jointes et les yeux levés vers ce ciel en colère, nous accueille, trempés de sueur et de pluie, dans la chapelle du refuge Ospizio Sottile. Ses fondations ont été édifiées en 1787 pour abriter les marchands et les émigrants saisonniers qui se rendaient du Valsesia, en Suisse ou en Savoie, au printemps pour revenir à l’automne. Giacomo Clérino, l’un des premiers gardiens, un ancien soldat de Napoléon dit-on, est mort d’ailleurs dans une avalanche en tentant de porter secours à des voyageurs égarés dans une tempête.
(…)
Les bretelles de sac à dos et les mollets en feu nous ramènent vite à la réalité dans l’interminable remontée. Au-delà des alpages abandonnés à la friche, la sente vertigineuse file vers les arêtes dentelées parmi lesquelles se trouve notre col. Disciplinés et attentionnés nous suivons les traces de peinture rouges et blanches. Les dernières pentes dépassent maintenant les 45°. Nous sortons nos piolets pour nous ancrer dans les touffes d’herbe. Chaque mètre gagné est une victoire sur le vide… En arrivant à la brèche, fiers et heureux, nous poussons un cri de joie, comme si nous avions vaincu la face sud des Annapurna !
Les pointes du Mont Rose sont auréolées de nuages. A l’Est, au-dessus du lac Majeur, les nuages enflent démesurément avant de s’effondrer en cascades torrentielles. Arrivés au col Tailly, le bivouac Ravelli, peint en jaune, nous attire comme un phare océanique avant la tourmente. Pour l’atteindre, il nous faut encore naviguer au plus près, en tirant des bords pour éviter les monstrueux blocs de rocher et les ravines de la moraine du glacier d’Ottro. Voilà douze heures que nous avons largué les amarres. Le nuage qui couronnait le Corno Bianco s’effondre sur nous alors que nous arrivons au bivouac.
Col delle Pisse…
La pente finale dépasse les 45°
Les renoncules du lac Tailly
La fine équipe du Corno Bianco au bivouac Ravelli
De G à D. Corinne, Laetitia, Sylvain, Jean-Gaël, Guillaume
L
Quelques photos pour le plaisir
Tour du Corno Bianco
Corinne en vue les lacs Tailly. La journée n'est pas finie!
La Brêche de l'Uomo Storto après la tempête
Sylvain est dubitatif…
Et si la carte était fausse (elle l'est)
Tour de la Grivola
Eric, en Petit Prince au col de Belleface
Du Valgaudemar au Queyras
Les ombres du petit matin entre Prapic et Terres Blanches
Col de la Rousse
La Grivola… La belle grivoise?
Hors piste… devant les Aiguilles de Morges
En descendant vers Dormillouse…
Du Valgaudemar au Queyras
Traversée de torrent sur le plateau du Turc
Entre le col de la Sana et la pointe sud de Lorès
Descente sur Bonneval depuis le col des Fours
En descendant de la brêche de la Meije vers le Promontoire
Demi-tour de la Meije…
Descente sur le mythique refuge de l'Aigle
Claire et Paulo à l'assaut du Rateau Ouest
Alpes bergamasques
Massif de l'Adamello
Aiguilles Rouges
Alpes de Berchtesgaden
Alpes Kamniques et Gorges de Vingar
Slovénie