Monte Viso
Un grave contentieux subsiste entre la Suisse et l’Italie. Les Helvètes prétendent que le Cervin a servi de modèle pour dessiner le logo de la Paramount, quand les autres sont persuadés qu’il s’agit du Monviso, comme on dit là-bas. Quelle idée de demander au Américains d’arbitrer nos élégances montagnardes ! Une chose est sûre : tous deux ont la silhouette de ces pyramides, de ces Tours de Babel qui veulent défier l’équilibre des cieux. Si le Cervin domine le Viso de quelques 600 mètres, il n’est jamais qu’un grossier empilement de gneiss, made in Africa, quand le sommet du Viso a les teintes vertes et noires des roches océaniques qui parfois s’écaillent comme la peau de serpent ! La classe comme dirait Aldo !
L’ascension du Viso par la voie normale est accessible aux alpinistes débrouillés. Il suffit de suivre, le plus souvent corde tendue, les traces jaunes vif, omniprésentes, sans oublier son casque. Vires, couloirs et cheminées se succèdent avant de rejoindre l’arête Est sous le sommet. Ça et là, de petites taches de couleurs rompent l’harmonie un peu monotone de la rocaille ; Des androsaces plongent leurs racines dans quelques filets d’eau : les sources du Pô ! Les rochers prennent parfois la pose, en équilibre au-dessus du vide comme ce Masque Africain ou cette Tête d’Aigle. Quatre heures après avoir quitté le bivouac des lacs Forciolline, la croix du sommet apparait. Plusieurs fois démontée, restaurée et remontée, elle est presque centenaire.
Du sommet la vue sur les Alpes méridionales et la plaine du Pô, le plus souvent noyée dans la foschia est à couper le peu le souffle. Enfin, s’il vous en reste un peu après cette grimpette ! Quel dommage qu’on ne puisse pas voir la silhouette du … Viso. Pour cela, nul besoin de corde et de casque : rendez-vous au col de Valante, superbe belvédère sur la frontière, ou pour les lézards au col d’Agnel, accessible en voiture.