Cargèse - Catholique ou orthodoxe ?
En 1675, alors que les troupes ottomanes s’apprêtent à massacrer la population rebelle du Magne, une péninsule du Péloponnèse, un navire français embarque discrètement 730 habitants de Vitylo. Après plus de trois mois de mer, les survivants rejoignent le golfe de Sagone, où, sous la protection de la République de Gênes, ils établissent une colonie. L’accueil des Corses, d’abord réservé, devient franchement hostile, lorsque les « Grecs » mettent en valeur des terres autrefois livrées aux ronces. L’affrontement armé est inévitable lors de la révolte des Corses contre la République de Gênes — Les Grecs se mettant logiquement au service de leur protecteur… Chassés, ils rejoignent Ajaccio et ne reviennent dans le golfe que, bien plus tard, sous la protection des troupes de Louis XV. Celui-ci demande alors au marquis de Marbeuf, de leur construire une ville à proximité de la première implantation. Ce sera Cargèse…
Malgré quelques heurts, les relations entre Corses et Grecs se normalisent peu à peu. Ils construisent même deux églises, face à face, séparés par un jardin. L’une est catholique romane et l’autre, Saint Spyridon, catholique de rite byzantin. Le sanctuaire conserve précieusement quatre icones apportées par les premiers maniotes, voilà plus de trois siècles. Si les rites sont bien orthodoxes, cette « église grecque » reste sous l’autorité du pape comme décidé lors de l’accord du 16 janvier 1676, signé entre la République de Gênes et les réfugiés. Les curés peuvent ainsi dire la messe dans l’une ou l’autre église !