Girolata - Pirates et galériens
Parfaitement abritée du mistral et du libeccio, la marine de Girolata, bordée de reliefs boisés, dominée par son fortin génois, prend parfois des airs d’amphithéâtre. La pièce qu’on y joue est souvent la même, calme et paisible, car aucune route ne mène à ce hameau où résident, à l’année, une dizaine de pêcheurs, cafetiers et retraités. Pourtant, pendant l’été, tout s’agite avec le ballet incessant des navettes maritimes et les plaisanciers pressés qui prennent d’assaut les 80 mouillages de la capitainerie.
Pour retrouver une telle cohue dans l’histoire de Girolata, il faut remonter à l’an 1540 quand Dragut, le fameux pirate turc, pourchassé par les Génois, se réfugie avec une douzaine de navires au fond de l’anse. Renseigné par des pêcheurs, une flottille, commandée par le neveu de l’amiral Andrea Doria, met les rames et les voiles vers le fond du golfe. Surpris, alors qu’une partie de ses équipages est à terre, le terrible ottoman se rend. C’est la première victoire navale des Génois sur les ottomans depuis bien longtemps ! Dragut, prisonnier, devient alors galérien au service de Gênes. Quatre années plus tard, Andrea Doria, soucieux de préserver l’avenir, revend son captif aux Turcs. Mal lui en prend… En 1553, le pirate remet cap sur la Corse pour attaquer Bonifacio, sa principale place forte. Malgré la promesse de son commanditaire, le roi de France, François Ier, les soldats de la République de Gênes, une fois désarmés, sont promptement massacrés ou emmenés aux galères…