Îles d'Iroise
Il est des îles policées, domestiquées, des îles à parasols et palmiers, à « chichi, beignets et crèmes glacées » que l’on rejoint en ferry, ou mieux en jet low-cost… La vie s’y écoule paisiblement comme une coulée de crème solaire au monoï… même s’il faut parfois jouer des coudes pour s’extraire de la meute.
Et puis, il y a Béniguet, Quéménès, Molène et Ouessant… Des sauvageonnes qui ne font rien pour attirer le gogo : plages d’algues et de galets, falaises lacérées par les déferlantes, courants en colère, arbustes nains giflés par le vent, rochers battus par les vagues… Oubliez la bagnole, réservée aux insulaires : une bonne paire de godasses ou un vélo vintage feront l’affaire…
Achtung bicyclette donc ! Vous êtes prévenus : ces îles sont réservées aux purs et aux durs de la nature et du grand large, les plus aptes aux embruns et à l’aventure ! Celle-ci commence souvent par une traversée rock and roll, au large de Béniguet et Molène. Phoques gris et grands dauphins batifolent au milieu des laminaires et se disputent seiches et encornets. Ici, l’homme n’est que toléré comme le montre l’interminable liste des navires abimés sur ces pavés. Les Ouessantais et les Molènais avaient d’ailleurs la réputation d’être de redoutables pilleurs d’épaves. Mais comment en vouloir à ceux qui, s’ils risquaient volontiers leur peau pour sauver des naufragés, ne dédaignaient pas soustraire deux ou trois sacs de riz à demi gâtés par l'eau salée ?