top of page

Le Grand Paradis

Les Italiens ont du génie ! Franchement, « Le Grand Paradis » est nettement plus vendeur que nos «  Grand Charnier » ou «  Rateau »… A cette simple évocation, on s’imagine entouré d’angelots en petite tenue sur les pentes de glace, ou, mieux, de houris, ces nymphettes qui n’ont été déflorées ni par les hommes, ni même par les Djinns.

            Patatras ! Comme souvent en montagne, la toponymie est source de déception. Le Grand Paradis n’est pas un nirvana réservé aux marcheurs, ni même aux alpinistes, mais la simple déformation de Grande Parete, les grandes parois. Il n’apparaît d’ailleurs sur les cartes comme Gran Paradisio qu’en 1827 après avoir été nommé Mont Iseran ou L’Evesquer. Ce sommet, élevé de 4061 mètres,  est accessible aux apprentis alpinistes, en deux jours, par une longue pente de neige ou de glace, suivant la saison. Seule l’arête finale pour accéder au sommet est un peu délicate, quoique sécurisée par trois spits. Par beau temps,  celle-ci est souvent embouteillée. Au printemps, la descente de ce 4000 est un must pour les skieurs de rando.

             Si la présence de séraphins ou de vierges aux yeux de biches reste à établir, les alpinistes et les randonneurs sont assurés d’y rencontrer de nombreux chamois, aigles et bouquetins. Le Parc National du Grand Paradis a été créé pour éviter l’extinction de cette dernière espèce, trop facile à tirer. L’animal était en effet chassé et braconné tant pour sa viande que pour ses propriétés prétendument miraculeuses : sang fortifiant, poudre de perlimpinpin à base de corne mais surtout sa « croix du cœur », une structure ossifiée séparant les ventricules. En 1856, le « Père de la Patrie », Vittorio Emmanuelle II,  déclara ces montagnes Réserve Nationale de Chasse en créant un réseau de sentiers et un corps de gardes. Plus tard en 1920, son petit fils  fit don de « sa » réserve à l’état. Aujourd’hui, le parc s’étend sur 70 000 hectares (contre 52 500 pour la Vanoise). Il couvre cinq grandes vallées qui sont autant de paradis terrestres, à défaut d’angelots et de houris… 

bottom of page