Belledonne
Parmi les nombreuses hypothèses formulées pour expliquer l’origine de son nom, la plus aimable est assurément cette Bella Donna célébrée par les immigrés italiens. Une femme séduisante qui changerait de parure à chaque saison, à chaque heure et à chaque passage de nuage. Une femme fatale, qui pour se donner un regard éclatant, ferait couler dans ses yeux, comme les dames du temps jadis, quelques gouttes de… Belladone. Une femme, à la fois farouche et rebelle, qui s’étire de Vizille, la révolutionnaire, à Hurtières où, dit-on, fut forgé l’épée Durandal. Mais une femme suffisamment sûre d’elle pour s’approcher à touche-touche de l’agglomération de Grenoble et de ses 500,000 habitants.
Comment, malgré cette proximité périlleuse, a-t-elle pu conserver toute sa beauté et sa pureté ? On ne compte en effet que trois stations de ski à taille humaine : Les Sept Laux, Chamrousse et Le Collet d’Allevard qui couvrent moins de 5% de l’ensemble du massif. Cela laisse un peu d’espace pour les cerfs, les chamois et les loups mais aussi pour les randonneurs qui s’élancent sur les sentiers entre Chamrousse et le vallon de la Pra. Pour les ochlophobes, ceux qui ont une peur maladive de la foule, il existe d’innombrables sentiers de traverse, comme cette magnifique arête Nord du Grand Colon ou plus sûrement encore la partie Nord du massif. Là entre le « Cul de France », pudiquement rebaptisé Fond de France et la Maurienne s’étendent des montagnes méconnues qui n’ont rien à envier aux sommets lointains: Puy Gris : le Cervin des gens de là-bas, le Grand Morétan, le Pic du Frêne… Des terres extrêmes qui ne sont parcourues que par de rares cueilleurs-chasseurs, explorateurs aux jarrets d’acier, tant les distances et les dénivelées paraissent parfois décourageantes. Le Yukon, à votre porte !