Les Jouets en Bois du Queyras
Trop loin, trop haut, trop pauvre… Au début du XXe siècle, la première guerre mondiale et l’exode rural dépeuplent le Queyras. Une petite équipe de pasteurs protestants, s’inspirant alors de l’exemple suisse, a l’idée de créer, en 1920, une coopérative pour fabriquer des jouets en bois. Ils font même venir un jeune artiste, Georges Preiss — qui deviendra lui même pasteur —pour dessiner des figurines qui seront découpées dans des planchettes en bois puis peintes. On utilise naturellement le bois du pays : pin à crochet et pin cembro, pauvres en résine et faciles à travailler. Le patrimoine rural : chalets, fermes, animaux de la montagne, est mis à contribution ainsi que les thèmes religieux : chapelle, crèche, etc. La coopérative bien nommée, « L’Alpin chez Lui », connaît son apogée à la fin des années trente. Elle emploie alors jusqu’à 40 personnes, qui travaillent le bois dans leurs fermes ou dans l’atelier coopératif. Mais, victimes du modernisme et des jouets en plastique, les jouets en bois du Queyras, désuets tombent dans l’oubli. En 1968, « L’Alpin chez lui » ne compte plus qu’un salarié !
Heureusement, le Queyras, qui a su protéger son patrimoine et ses paysages, devient tendance dans les années 80… L’activité de la coopérative repart peu à peu. Si les jouets traditionnels sont le fond du catalogues, les innovations se multiplient : casse-tête, chaise inspirée par la méthode Montessori, arbre toise, souris pour les pitchounes qui perdent leurs dents de lait… Aujourd’hui 5 personnes sont employées à temps plein et les ventes internet se développent. Giovanna, l’actuelle gérante, s’attaque même au marché… chinois. Un juste retour des choses non ?