Le plateau et l'observatoire de Calern
La route étroite tournicote et s’emmêle presque avant de reprendre son souffle dans la longue ligne droite de Caussols,. Bientôt, elle reprend sa danse de Saint Guy à peine calmée par un panneau qui demande aux automobilistes de mettre les feux de position afin de ne pas gêner le travail des astronomes. La nuit tombe enfin au bord du plateau de Calern. Pas de lune, pas un souffle de vent… Veillés au nord par les crêtes enneigées du Cheiron et au sud par le plateau de Caussols, nous nous allongeons sur le sol afin de mieux nous perdre dans la profondeur de la nuit. La Voie Lactée, notre galaxie, semble éclater au-dessus de nous ! Le vertige nous prend…
Derrière nous, par intermittence, de brefs rayons rouges percent l’obscurité. Des grincements métalliques troublent le silence. Les scientifiques de l’Observatoire de la Côte d’Azur, profitant de la pureté et de la stabilité de l’atmosphère, travaillent à mesurer la position des astres. Plus modestement, nous nous amusons à compter les étoiles filantes de l’essaim des Léonides avant de nous perdre quelque part vers M45, autrement dit les sept sœurs des Pléiades. Leur lumière, contemporaine du massacre de la Saint Barthélémy, a mis quelques 444 années pour venir jusque nous !
Enivrés par ce voyage dans le temps, nous finissons par nous endormir, à la belle étoile (…), avant de nous réveiller sur la surface d’une lune dont le terrain, minéral et fatigué, aurait été bombardé par une pluie de météorites. Nous nous attendons à voir sortir d’un étrange bâtiment, des astronautes équipés de combinaison spatiale. Cette base lunaire, tout en courbes et rondeurs, semble épouser les ondulations du sol. Non loin de cette architecture futuriste, un enclos de pierres sèches témoigne de l’antique activité pastorale. Nous sommes bien sur terre…