Les Gorges de la Méouge
La Méouge ayant chanté tout l’été, dans les prairies de Séderon et de Lachau, se trouva fort dépourvue, quand elle se retrouva piégée par les marnes et les calcaires des montagnes de Saint Cyr et de Chabre. Elle n’eut d’autre choix que de ruser avec la pierre en s’insinuant dans les failles et en creusant son passage dans les roches les moins dures. Les gorges de la Méouge sont ainsi devenues un charmante étape, pleine de fraicheur entre les Alpes et la Provence.
Le mieux pour en profiter est de s’arrêter auprès du pont roman. Sur les raides pentes de l’adret, poussent genévriers, buis, hysope et thyms : la Provence. A l’ubac poussent chênes pubescents, pins et cornouillers : les Alpes ! Au fond la rivière a creusé des vasques et des plages de rochers gris sur lesquels sont allongées de belles naïades. Cela n’a pas l’air d’effrayer une longue couleuvre qui se glisse entre les aulnes blancs pour rejoindre les ruines d’un moulin emporté par la crue de 1902. Deux cents mètres plus loin, sur l’ancienne route, un minuscule hameau se dresse sur son promontoire. Seules deux familles y vivent encore.
Pomet a pourtant compté jusqu’à 260 habitants au milieu du XIXe siècle pendant l’âge d’or de la culture de l’amandier. Le village a aussi connu des heures plus sombres avec Guillaume V de Mévouillon (1319- +1356). Celui-ci, profitant de l’étroitesse des gorges et de l’insécurité générale pratiquait le brigandage seigneurial. Accusé par la justice du dauphin de vol, meurtre et de viol, il fut condamné à une amende de 26 240 florins d’or. Une transaction fut finalement trouvée. Contre la cession de quelques terres et le paiement de 8 000 florins le terrible seigneur conserva sa position et ses droits. « Selon que vous soyez puissant ou misérable, etc. »