Lac de Constance - Mezzo Piano
Ce grand lac alpin (540 km2) est le frère nordique du Léman (580 km2). Quand ce dernier se baigne dans les eaux du Rhône, l’autre se rafraichit aux sources du Rhin issu du même massif. On l’a affublé du doux nom de Constance… Une singularité latine en territoire gothique, du nom d’un empereur romain oublié mais père de Constantin, le protecteur de la chrétienté. Le foehn des Alpes et l’inertie thermique de ses eaux se combinent pour y créer un micro climat bien tempéré, mezzo piano même. Vignes, bougainvillées et orangers poussent sur l’ile de Mainau où l’on visite une étonnante serre à papillons. Cette île-jardin, cousine des Borromées, est aujourd’hui propriété d’une famille suédo-béarnaise… Les Bernadotte. Les Suédois protestants, alliés aux troupes très catholiques de Richelieu, ont bataillé, sur ces rives et sur ces flots, les armées catholiques des Habsbourg pendant la guerre « de religion » de trente ans. Une contradiction ? Quelle contradiction ? La Realpolitik, déjà…
Nos cousins Germains, qui pourtant ne manquent pas de poètes, persistent à l’appeler Bodensee… Le lac des terres basses. Quel manque d’imagination ! On y voit pourtant, émerger des roselières, les sommets enneigés du Vorarlberg. D’autres plus inventifs, l’ont appelé : « la Mer de Souabie » ; une frontière qui sépare l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse. Elle est sillonnée par une importante flotte de navires de ligne et de « promène-couillons », dont le plus imposant est l’Austria. Baptisé « Ostmark » (Marches Orientales) en 1939, il fut renommé pour cause de dénazification, après avoir été mis à l’abri des jusqu’au-boutistes qui voulaient le saborder à l’arrivée des troupes alliées.
Le calme est revenu sur les rives de ce lac placide (…). On peut embarquer sans craindre les mines et les attaques aériennes, même si la meilleure façon de le parcourir consiste à glisser silencieusement à bord d’un kayak ou à emprunter, à vélo, l’une des innombrables voies vertes qui longent ses rives.