Sartène - L'enchaîné, le bandit, le moine et les maîtres chanteurs
De Sartène, les visiteurs pressés ne retiennent bien souvent qu’une belle image : vestiges de murailles, hautes maisons dressées au pied du Monte Grosso face aux coteaux de Rizzaneze où poussent les ceps de malvoisie. Mais pourquoi se presser ? Située à dix kilomètres des plages de Propriano, la petite ville restée largement à l’écart du flux et du reflux des juillettistes et aoûtiens, mérite toujours le titre de « la plus corse des villes corses » que lui a décerné Prosper Mérimée…
Sartène mérite donc une halte prolongée pour découvrir le charme de ses rues et places ombragées mais surtout ses hommes et ses femmes, à commencer par U catenacciu — l’enchaîné — qui chaque vendredi saint, coiffé et vêtu de rouge, traine péniblement sa croix et ses chaines avant de chuter trois fois. Anonyme, U catanacciu doit se recueillir deux jours dans le couvent Saint Côme et Damien où vivent encore quelques vieux franciscains. Les Sartenais, profondément attachés à leurs franciscains ont pris les armes au début du XXeme siècle pour défendre leurs moines menacés d’expulsion par l’état laïque. Dans les années cinquante, le couvent a accueilli, malade et fatigué, le vieux Muzzarettu, le dernier bandit corse, devenu meurtrier pour laver son honneur à l’âge de 66 ans. Plus proche de nous, le père Ulrich, frère mineur et maître de chant grégorien a contribué à la formation du fameux « Chœur d’Hommes de Sartène », composé de sept voix masculines dirigées par Ghjuvan-Paulu Poletti.