Lago Tovel - L'homme qui a vu l'homme…
Pour voir l’homme qui a vu l’homme… Il faut emprunter, depuis les impeccables vergers de Tuenno, une route sinueuse qui s’élève entre les falaises grises. Le mieux, en haute saison, est sans doute de parquer sa voiture devant l’auberge Capriolo pour prendre le bus navette qui monte au lac. La route traverse alors un paysage lunaire pour s’enfoncer de nouveau dans la forêt. Lorsque la lumière reparait, un des plus beaux paysages des Alpes se dévoile : un lac aux eaux cristallines encerclé de hautes montagnes aux parois vertigineuses : les Dolomites de Brenta, la perle du Trentino.
Cette région fut la dernière province italienne de l’empire Austro-Hongrois, une terre irrédente. Elle fut d’ailleurs à l’origine de la rupture de la neutralité italienne le 23 mai 1915. « Per Trieste e il Trentino ! » Les femmes furent alors utilisées comme porteuses d’obus pour alimenter la ligne de front. La plupart des hommes furent envoyés sur le front ukrainien, pour ne pas risquer des désertions en masse. Les guides de haute montagne furent utilisés sur le front glaciaire, tout proche, de l’Adamello, pour combattre parfois leurs cousins italiens…
Enfin, voilà Adriano, l’homme qui a vu l’homme qui a vu… l’ours ! C’est là, en effet, que vivent les derniers ours bruns des Alpes. A la limite de l’extinction, l’espèce a été sauvée, en 1999, par l’introduction d’ours slovènes. Si le loup, animal des steppes, colonise de nouveaux espaces, l’ours plus sédentaire, avec un rayon de 20 km pour les femelles, est bien plus vulnérable. Ils sont aujourd’hui une cinquantaine concentrés dans cette région du Trentino à l’abri des forêts profondes du Val Tovel.