Noël au balcon.. des Ecrins
Pour une fête réussie, il faut de la neige en quantité ! Mais attention, de la neige de qualité : pas de la neige qui fait durcit et jaunit, qui fait crick-crack sous les raquettes.
Non de la neige à la Gainsbourg qui fait : ziip, shebam, pow, blop… Bref de la vraie Poff !
Pari pas évident, compte tenu de l’ensoleillement maximum des Alpes du Sud et de la relative basse altitude du circuit (entre 1200 et 1900 mètres)…. Mais pari que nous relevons volontiers avec Birgit et onze clients amis, amateurs de voyages et de randonnée hors des sentiers battus.
J1. Les Guieux-Freissinières.
Température polaire malgré un plein soleil matinal qui semble surgir de la Font Sancte. Si la crainte du manque de neige est vite oubliée, c’est au rythme des cricks et des cracks que nous réveillons les hameaux endormis le temps d’un hiver: Mikeou, Les Eymars…. Plutôt que de suivre le GR, nous partons bientôt à l’ascension d’un col perché en haut de prairies partiellement déneigées. L’occasion de basculer plein Nord dans une pente raide, gavée de neige ziip, shebam… où nous travaillons avec délectation notre godille-raquette. Un coin de soleil, adossés contre une grange, nous permet ensuite de nous restaurer et de nous réchauffer. Il faut hélas oublier la sieste, car la route n’attend pas et le soleil plonge déjà derrière les crêtes! Passés Ponteil, nous nous engageons à flanc de montagne, hors trace, pour éviter une portion de goudron. Nous cheminons prudemment entre deux barres rocheuses, à la verticale de Champcella. Nulle trace d’homme ici, mais un trafic intense d’ongulés, de renards et de lièvres variables. Au détour d’un buisson d’épine-vinette, un chevreuil détale en aboyant ! Nous faisons maintenant notre trace dans une ambiance très hivernale, à l’ombre. Plus la température baisse, plus nous hâtons le pas… Enfin nous traversons, la Biaysse, vers 16h30. Le pont est recouvert de givre. Il fait – 18°C. Autant dire que la chaleur de notre première halte (hôtel de Vaudois) est bienvenue.
J2. Freissinières-Vallouise
La journée commence par un festival de … Confitures. Chantal la patronne nous régale de ses inventions : confiture d’épine-vinette, de noix, plus surprenant : ananas-poivron, figue-poireaux… Longue vie au Vaudois !Nous attaquons l’ascension aux premiers rayons de soleil (9h30 quand même)… et parcourons, un à un, les hameaux situés sous le col d’Anon. Bientôt au froid, s’ajoutent les bourrasques de vent du Nord, caractéristiques du ciel de traîne. Plutôt que de faire un sommet (Tête de la Lauzière), nous nous dirigeons, abrités par la montagne et la forêt, vers le lac des Lauzes recouvert d’une épaisse couche de poudreuse. Un bon chemin, vierge de traces, nous mène alors dans une combe abritée du col d’Anon. Ce sera notre lieu de pique-nique. Nous en profitons pour faire quelques exercices de recherche avec nos Arva où les fous rires dépassent en intensité le bip-bip de nos récepteurs : « Qui a encore oublié d’éteindre son ARVA ». En détectant trois ARVA allumés simultanément, en moins de huit minutes, nous nous décernons une note « très honorable » ! La descente dans une épaisse couche de poudreuse froide, vierge de traces, est un pur bonheur. Nous évitons autant que possible la route forestière, pour choisir systématiquement les pentes les « glissantes », quitte à essuyer quelques belles chutes ! Enfin nous rejoignons après 6 heures et demi de rando notre navette qui nous amène à Vallouise.
J3. Vallouise, combe de Narreyroux
Le problème est posé dans ces termes : comment atteindre la combe de Narreyroux, haut lieu de randonnée locale, sans se mêler à « la foule des grands jours », en cette journée ensoleillée du 31/12 ? Un examen de la carte, me laisse entrevoir de belles surprises, vers le ravin de Nalezatte, à l’extrémité Ouest du Grand Bois Noir. Je préviens mes amis : « Aujourd’hui, il va y avoir du sport ! Cette montée au Grand Bois restera gravée dans nos mémoire… ». Malgré cet avertissement, ils gardent leurs sourires confiants… S’ils savaient ! Nous nous enfonçons donc profondément dans l’hiver de la vallée de l’Onde, surplombée par Les Bans noyés de lumière. Bientôt nous quittons les traces pour attaquer « Drê dans la l’pentu » la montagne sur une ligne imaginaire sensée représenter un sentier d’été. C’est du tout raide et du bon ! Faisant notre trace, le nez dans la neige, nous butons vers 1600m contre une falaise que nous longeons. Nous nous enfonçons alors dans un fourré de sapins dominés par d’immenses mélèzes. Nous sommes dans le domaine des chamois qui ont laissé de multiples traces. La progression, à flanc de montagne, est malcommode et demande de l’attention pour ne pas glisser en contrebas. Rien de dangereux, mais ici, chaque mètre gagné est une victoire. Enfin, au bout de trois heures d’effort, dans un décor unique, connu des seuls animaux, nous débouchons sur un sentier balisé qui nous mène, plus paisiblement aux chalets de Narreyroux. Au programme, pique-nique festif arrosé de Jurançon. C’est donc l’esprit guilleret que nous nous engageons dans la descente, où naturellement nous sortons des traces pour tester nos talents des descendeurs. Nous n’avons rien à envier aux randonneurs à ski, qui ne peuvent, comme nous, se laisser glisser d’arbre en arbre, dans les sous-bois épais, à la limite de la chute. Enfin nous débouchons sur la vallée, au niveau d’une cascade pétrifiée par le froid. Le vin chaud qui nous accueille à l’hôtel est dégusté par une équipe épuisée mais ravie de découvrir que la raquette peut être (très) sportive et ludique !
J4. Vallouise-L’Argentière
Après un apéritif au Champagne (Merci Michèle !), un réveillon pantagruélique, nous nous réveillons avec des envies d’eau minérale et de marche douce au soleil… Nous montons ainsi avec un rythme tranquille au Rocher Pointu qui nous régale d’une vue panoramique sur Les Bans, le Pelvoux… Le chemin paresse alors dans des forêts de pins sylvestres auxquels sont accrochés des brins de gui. L’occasion pour les amoureux de faire un bisou plein de promesses. Il nous faut quand même 3 heures pour rejoindre Les Vigneaux, les raquettes sur le sac compte tenu de l’exposition plein Sud. Nous replongeons alors dans l’ombre et dans la neige pour longer la rivière et descendre progressivement vers l’Argentière où la navette nous attend.