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Spaghetti anti-CO2

 

Je suis parti ce matin, à la chaleur montante, couper l’herbe dans le champ en pente qui jouxte la maison. J’ai pour cela un engin impeccable : tondeuse débroussailleuse indestructible capable de ratatiner les pousses de cornouiller sanguin tout en slalomant entre les orchidées qui commencent à pointer leur nez. Le casque anti-bruit sur la tête, les pensées vagabondent d’une oreillette à l’autre… J’essaie ainsi d’estimer ma consommation en essence, mon émission de CO2. Avec mon petit moteur 4 temps, et 4 litres à l’heure, je dois produire près de 15 kg de CO2 pour couper mon herbe!

 

Pris de remords, je remonte dare-dare ma machine au garage et l’échange contre mon antique faux. Allez un coup de pierre et me voilà, bien calé,  face à la pente en train de travailler mon  « swing ». Bientôt les hautes herbes se couchent en andains bien parallèles. De nouveau ma pensée s’évade. A ce rythme, je vais consommer au moins 1000 kcal que je compenserai par un bon plat de pâtes. Entre le champ de blé, le moulin, l’usine de pâtes, le grossiste, le magasin… Le camion doit bien parcourir mille bornes, soit une production d’environ une tonne de C02. Compte tenu de sa charge utile, cela doit faire dans les 33 g pour mon paquet de pâtes. Même s’il faut rajouter l’énergie dépensée pour la fabrication, la cuisson, ma propre production excédentaire de CO2, le bilan reste largement positif !

Ouf, parce qu’avec mes ampoules aux mains et les courbature, mon militantisme anti-CO2 commençait à fléchir.

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